Tout comme les petites et moyennes entreprises (PME), les très petites entreprises (TPE) sont cruciales dans l'économie d'un pays. Notamment dans celle d'un pays en développement. Porteuses d'un dynamisme économique important et d'un fort potentiel d'innovation, elles annoncent le visage de l'économie de demain.
Il faut donc les aider, les accompagner, encourager leur création : sur cela, tout le monde est d'accord. Mais que faire dans le cas de TPE... informelles ? Ces entreprises non déclarées qui ne paient aucun impôt au fisc? Au Maroc, leur nombre est considérable : elles représenteraient près de 40 % de l'emploi non agricole. Si certains, au gouvernement ou parmi les chefs de grandes entreprises, les accusent de tous les maux, d'autres leur reconnaissent un rôle important. Elles seraient un filet de sécurité social qui permet aux ménages démunis d'avoir des revenus.
Le rôle de l'Etat marocain face à l'informel est d'ailleurs ambigu : n'a-t-il pas voulu et soutenu un puissant secteur du microcrédit, qui finance dans les 3/4 des cas des activités informelles ?
Face à cette question, le gouvernement actuel, tout comme le précédent, semble avoir opté pour une approche en douceur. L'incitation à la formalisation de l'activité. Pour cela, le taux de l'impôt sur les sociétés faisant un chiffre d'affaires de moins d'un million de dirhams a été réduit à 15% en 2011, au lieu de 30 % pour les autres entreprises. Mais la mesure n'a eu que peu d'impact : seules 6500 entreprises sont sorties de la clandestinité l'année dernière, alors que plusieurs centaines de milliers seraient concernées. Il faut dire que la question fiscale n'est pas forcément le seul problème. La méfiance toute marocaine vis-a-vis de l'administration, des documents et de l'écrit, dans un pays où l'analphabétisme reste très important, y serait pour beaucoup.
Pour autant, le gouvernement ne se décourage pas. Des pistes pour aller plus loin sur la question des impôts pour les PME et TPE seront examinées lors de prochaines assises fiscales, a annoncé le ministre de l'Economie marocain, Nizar Baraka. Il souhaite aussi favoriser le financement de ces entreprises, en améliorant les garanties offertes par l'Etat. Cela suffira-t-il à réduire le poids de l'informel ? Peut-être, mais il est permis d'en douter. en revanche, cela permettra sans doute de faciliter un peu la vie des chefs de petites entreprises, ce qui n'est déjà pas mal.
Pour en savoir plus :
http://www.leconomiste.com/node/883371
http://www.financenews.press.ma/portail/?tmpl=component&print=1&option=com_content&id=7508
http://www.leconomiste.com/article/891723-baraka-annonce-des-assises-fiscales
http://www.leconomiste.com/article/891456-informeldes-pistes-pour-fiscaliser-l-conomie-parall-le