Le "Rapport sur le Bonheur mondial", commandé par l'ONU à la prestigieuse Université Columbia, aux Etats-Unis, donne une place peu flatteuse au Maroc. Interrogés par Gallup sur la qualité générale de leur vie, qu'ils devaient évaluer sur une échelle de 0 à 10, les Marocains ont répondu en moyenne qu'elle était inférieure à 5/10... Ce qui place le Royaume 105e sur 156 pays en termes de perception du bien-être. Juste derrière le Bangladesh, l'un des pays les plus pauvres du monde!
Ce sont les pays nordiques qui se classent en tête : Danemark, Finlande et Norvège trustent le podium. Comme si le froid était corrélé à une excellente qualité de vie.
Les autres enquêtes donnent des résultats similaires. Ainsi, l'indice du bonheur, qui porte sur 100 pays et comprend des questions sur la vie en général, place l'Islande est tête, suivi de la Nouvelle Zélande et du Danemark. Le Maroc est pour sa part dans le bas du classement, en 58e position sur 100, juste devant le Bangladesh cette fois-ci (maigre victoire!).
Enfin, interrogés sur leur bonheur moyen la veille du jour où ils ont été interrogés, les Marocains ont évalué en moyenne leur bonheur à 65 %, ce qui les place à la 90e place sur 146 pays, juste derrière... l'Afghanistan, l'Ouganda et le Soudan. Loin devant le dernier de la liste cependant, le Togo, dont le bonheur moyen la veille du sondage atteint à peine 25 %.
Ces mesures subjectives appellent la question: "Qu'est-ce que le bonheur ?". Selon les auteurs du rapport, la perception du bonheur ne saurait se résumer à un niveau de revenu. Elle est corrélée également à la santé, au niveau d'éducation, à la situation familiale, à l'âge, au sexe, à la communauté, au temps dont on dispose, etc. etc.
Et c'est justement sur la définition et la mesure du bien-être que le Haut Commissariat au Plan (HCP) marocain a décidé de travailler, main dans la main avec l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Lors de la conférence africaine sur le bien-être, que les deux institutions co-organisaient le 19 avril à Rabat, Mario Pezzini, directeur du Centre de développement de l’OCDE, a souligné que «le PIB ne peut pas refléter le bien-être des citoyens. Car pour mesurer le niveau de satisfaction de la population, nous devons penser en termes de valeurs»[L'Economiste, 23/04/12].
Pour le moment, cette organisation privilégie trois types de facteurs pour mesurer le bien-être des populations : la qualité de vie, notamment en matière de santé, d’éducation, de travail, de relations sociales ; les conditions matérielles, reflétées par le revenu, la qualité du logement, etc. ; et enfin, la durabilité, avec la préservation du capital humain, environnemental et économique. Pour améliorer ces indicateurs, l'OCDE a lancé une plate-forme d'échanges, avec l'indice "Your better life index".
Et Ahmed Lahlimi, Haut Commissaire au plan, de renchérir lors de la même conférence: «le progrès social est évalué par des mesures objectives, mais aussi par le ressenti de la population». Il a souhaité que la statistique institutionnelle prenne en charge la mesure de ces différents indicateurs. Le HCP a déjà commencé à s'y intéresser, puisqu'il a réalisé une étude sur le bien-être dans la vie du citoyen.
Mais avec tout cela... A quand une amélioration du bien-être des Marocains?
Patience... Comme aurait dit Saint-Just : le bonheur est une idée neuve au Maroc !
Pour en savoir plus :
http://issuu.com/earthinstitute/docs/world-happiness-report/31
http://www.leconomiste.com/article/893642-le-hcp-veut-mesurer-le-bien-tre-des-citoyens